Cocteau sur Arte

Source : http://www.arte.tv/fr/les-films-le-cycle-merveilleux-sur-arte/812508.html

Le grand classique de Jean Cocteau, certainement l’oeuvre cinématographique la plus célèbre de son auteur, La Belle et la Bête, nous est commenté par le site internet de la chaîne culturel Franco-Allemande Arte en prévision d’une diffusion prochaine (celle-ci a eu lieu aux mois de mars et d’avril 2005).

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La Bête

Dans un premier temps, on trouve dans l’article tous les éléments basiques nécessaires à la bonne appréhension de la critique qui précède, intitulé «La figue dévoré». On y trouve d’abord, une courte phrase d’introduction, nous immiscent dans l’univers du film. «Le plus populaire des films de Jean Cocteau… Un classique qui ouvre un cycle dédié au merveilleux». Ensuite, un encart consacré à la «fiche technique» du film nous informe sur la durée, l’année, et les différents participants à la création de l’oeuvre. Un court résumé, nous rappel les grandes lignes de l’histoire, sans pour autant nous en gâcher la magie.

Dans la partie «la figure de Cocteau», l’auteur développe la thèse suivante : Le film, à l’origine tourné afin de donner un rôle «laid» à Jean Marais prit vite la direction du cauchemar en raison d’un problème technique. Le masque que portait Jean Marais provoqua chez lui des éruptions cutanés. Finalement, par persévérance et malgré son hospitalisation, le film fut mené à bien et donna le chef d’oeuvre que l’on connait aujourd’hui.

Le but de ce court paragraphe est ainsi de nous informer sur le contexte de réalisation de ce film. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, étant donné la fluidité de la réalisation ainsi que de la justesse des dialogues (préalablement perfectionnés dans le scénario), ce ne fut pas une mince affaire que d’achever cette pièce maîtresse. On apprend donc que le film failli ne pas voir le jour, une semi-révélation ayant certainement pour objectif de nous faire savourer encore plus le film.

Comme nous l’avons déjà vu dans des articles précédents, la poésie hors du commun de ce film place l’auteur dans cette catégorie de réalisateur indépendant qui ne se laisse pas dicter sa conduite. La magie que l’on y trouve est à la fois à l’image du caractère enfantin du texte originel de Mme le prince de Beaumont et d’une noirceur inhabituel qui confère à l’oeuvre final sont aspect perturbant.

D’un point de vue numérique, étudions plus en détail le site internet de la chaîne Arte.

Ce qui fait l’originalité du site provient de ce qui fait l’originalité de la chaîne, on voit, que, dans un souci de netteté et d’élégance, les publicités sont réduit au minimum (Il se trouve que les seul publicités présente sur le site concernent des programmes internes à la chaîne de télévision), contrairement à beaucoup d’autres sites de chaîne de télévision. Celui-ci est donc plutôt agréable à parcourir. L’harmonie des couleurs (orange, noir et blanc) ainsi que la bonne taille de la police des différentes sections que propose le site, permet une manipulation facile et fluide.

Non seulement, le site propose des articles sur l’actualité culturel ainsi que des critiques d’expositions, de films et de théâtre mais deux parties réservés, intitulés «en direct» et «programme TV», permettent de voir, revoir et s’informer sur les émissions passés et avenirs, ainsi que de découvrir des programmes hors télévision et spécifiques au site internet.

En réalité, cette transmission du film de Cocteau fait partie du «cycle merveilleux» qui reprenait de nombreuses adaptation de classique du conte. On y trouve donc une galerie de photos, appelé avec humour les «merveilleuses photos», qui propose différentes images extraites des films présentés.

Des petites icônes en haut et bas de page permettent de partager les articles sur les réseaux sociaux, Facebook, Twitter etc. On trouve aussi des encarts informatifs en bas de page, comprenant la newsletter, les contacts etc.

La page de l’article comprend aussi un widget intitulé «à lire aussi», nous renvoyant à d’autres articles concernant le cinéma et les actualités cinématographiques de l’année d’écriture de l’article.

Ainsi, tout est fait pour que la circulation sur les pages soit harmonieuse et pratique et, de la même manière, que le partage des articles soit facile d’accès.

L’Officiel Jean Cocteau

Interressons nous maintenant, au site, certainement le plus fournis en images en textes, en vidéos et en commentaires à propos de notre objet d’étude : Le site officiel du «comité Jean Cocteau» http://www.jeancocteau.net/index.php

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Même si notre blog vous a déjà présenté brièvement ce site au travers d’articles divers et de notre «Biographie» dont il fut la source, il nous a semblé important de s’y attarder quelque peu.

Ce site internet est entièrement consacré à Cocteau. Ce site n’est pas un blog, il est officiellement reconnus de la même façon que l’est juridiquement le «comité Jean Cocteau», présidé par Pierre Bergé.

On y trouve toute les informations générales nécessaires, biographie, adresses des musées consacrés à Cocteau, actualité littéraire à propos de Cocteau,  les autres associations «Jean Cocteau» etc. Toutes ces informations, nous sont bien évidemment donné avec un souci du détail et de la précision méticuleux, qui met le lecteur dans un grand confort. La biographie, par exemple, est extrêmement détaillé, de plus, on peut être sure qu’elle a fait l’objet d’une étude sérieuse et que contrairement à des site comme Wikipédia, tous les faits exposés sont avéré et certains.

Sur la page d’accueil, étrangement vide, quelques photos sur un fin bandeau défilent et une citation introduit le site : «Ce que le public te reproche, cultive le : c’est toi.».

La page «droit moral» présente brièvement l’objectif du site et nous met en garde. Le comité Jean Cocteau et son président sont les seuls détenteurs des droit d’exploitations de son oeuvre.

La composition du site est très simple et esthétiquement d’une élégante sobriété. On peut voir que le design provient de http://be-poles.com/fr/, qui a également conçu d’autres sites pour Pierre Bergé.

On y trouve ici, comme sur la plupart des sites internet d’informations culturelles, un bandeau en haut de page qui nous indique, par des encarts, les différentes sections. Tout d’abord sa biographie, à la lecture de laquelle on comprend que les auteurs veulent faire de Coteau un poète avant tout. La preuve étant que l’encart consacré à cette biographie est intitulé «Le poète». Ensuite un second encart «l’oeuvre», nous présente des articles un peu plus portées sur son théâtre et son cinema.

Pour ce qui est de la musique, malheureusement, ses Opéras et ballets ne sont présent que dans la partie intitulé «L’actualité». Comme si la musique cessait d’exister dès lors qu’elle n’est pas en représentation.

Pour ce qui est de notre objet central d’étude, il est intéressant de voir comment ce site présente «Cocteau le cinéaste». Après l’avoir donc introduit comme un poète avant tout, le comité Jean Cocteau, dans sa partie réservé au cinema, propose une filmographie détaillé de l’auteur. Avec aussi bien ses réalisations que les films dans lesquels il ne fut qu’acteur ou que scénariste.

Outre cette légère prise de position dans leur biographie intitulé «Le Poète», on peut considéré que ce site internet, avant tout crée pour défendre les droits d’exploitations de Cocteau, est d’une parfaite objectivité. Par exemple, dans la partie consacré à son cinema, aucunes informations autre que les détails techniques ne sont donné sur les films.

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Jean Cocteau à Menton

Les ressources numériques sérieuses uniquement dédiées à notre sujet, Jean Cocteau et le cinéma, étant assez rares, élargissons nos sources et intéressons-nous au site officiel du Musée Jean Cocteau – collection Séverin Wunderman de la ville de Menton, commune française du département des Alpes-Maritimes, dans laquelle Jean Cocteau séjourna et laissa la trace de son génie artistique multiforme.

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Le site du Musée, hébergé par  AMEN SASU, a été entièrement conçu par ce même Musée ouvert en 2011. Dans ses mentions légales, le Musée déclare que « les contenus du présent site représentent un volume important d’informations. Celles-ci sont régulièrement vérifiées  » assurant la qualité d’un contenu riche et exact.

Le site présente bien sûr dans l’une de ses rubriques ses « informations pratiques » (horaires, tarifs, contacts, plan d’accès)  que complète la rubrique « votre visite ». D’autre part, le site présente ses « évènements » comme l’exposition  Lucien Clergue, Écritures de lumière du 3 février au 9 septembre 2013 ou encore le nouvel accrochage de Cocteau, « Rouge et Or », inauguré le 2 décembre 2012 et consacré à son théâtre.

La rubrique « Le musée » nous propose de découvrir  sa structure mais aussi l’histoire de sa fondation, notamment grâce à Wunderman, passionné de Jean Cocteau, et qui sa vie durant collectionna des œuvres de l’artiste. Il fait don au futur Musée en 2003 d’une collection de 1800 pièces, dont 990 œuvres de Jean Cocteau, faisant du Musée la plus importante ressource publique mondiale de l’œuvre de Jean Cocteau. Cette collection est enrichie grâce à Lucien Clergue, photographe français et ami de Cocteau, qui fait don en 2011, à l’occasion de l’ouverture du Musée, de 240 photographies liées à l’œuvre de Jean Cocteau. Parmi elles on trouve de nombreuses photographies de tournage du Testament d’Orphée, dont une galerie, disponible en bas de la page dédiée  au photographe, permet un bref aperçu.

Face à cette riche collection, le « parcours muséographique » propose chaque année un accrochage renouvelé de 250 œuvres parmi lesquelles des dessins, des photographies, des peintures et des extraits de films rendant compte des talents multiples de Cocteau.

Jean Cocteau ou le génie protéiforme

Ainsi le nouvel accrochage « Rouge et Or », dont une présentation est disponible dans la rubrique « évènements » ou via « le Parcours Muséographique » (proposant une étude plus approfondie, néanmoins synthétique), a été inauguré le 2 décembre 2012 et se consacre tout particulièrement au théâtre de Jean Cocteau à travers six thèmes : « Le Mal Rouge et Or », « Vers une poésie de théâtre », « Les nouveaux monstres sacrés », « La tragédie revisitée », « Mettre en scène l’invisible », et  « Le cinéma de théâtre ».

Cette dernière thématique se consacre à l’adaptation cinématographique de L’Aigle à deux têtes, des Parents terribles et d’Orphée, qui sont, bien plus qu’un  théâtre filmé, « une nouvelle forme hybride de son œuvre : sa mise en scène cinématographique devient une mise en scène du regard, s’affranchissant de la distance que procure le théâtre », selon les mots du rédacteur de l’article. Sont exposés des extraits de films, des affiches originales, des photographies de tournage, ainsi que des maquettes de costumes réalisées par Yves Saint-Laurent pour L’Aigle à deux têtes prêtées au musée par la Fondation Yves Saint-Laurent.

Raymond Voinquel L’Aigle à deux têtes de Jean Cocteau (1947) [From the Réunion des Musées Nationaux]

Edwige Feuillère dans L’Aigle à deux têtes

 Le Musée Jean Cocteau – collection Séverin Wunderman doit aussi sa fortune à son architecture que la page d’accueil met en valeur au détriment de l’œuvre. Le projet architectural de Rudy Ricciotti fut retenu en 2008 à l’issue du concours international lancé par Menton et reçut le Grand Prix National d’Architecture. La  galerie, présente sur la page de ce projet architectural, permet de considérer ce vaste Musée de 2700 m² ainsi que son architecture design.

Musée Jean Cocteau – Collection Séverin Wunderman

Enfin, une rubrique « Jean Cocteau » propose également une galerie, ainsi qu’une biographie de l’artiste et un article « Jean Cocteau à Menton » qui retrace sa vie et son activité à Menton des années 50 jusqu’à sa mort, ville dans laquelle il fut conduit à l’occasion de la création de la Biennale de la peinture et du Festival international de musique de chambre. Charmé par l’atmosphère de la ville, Cocteau s’y installa, et plus qu’un lieu de vie, Menton devint pour lui une source d’inspiration : il contribua entre autres à la restauration et à la décoration du Bastion qu’il choisit pour musée, encore ouvert aujourd’hui et en collaboration avec le Musée Jean Cocteau – collection Séverin Wunderman.

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Mosaïque réalisée par Jean Cocteau pour le Musée du Bastion.

Bien que le site n’aborde pas en profondeur notre sujet, la richesse de la collection Séverin Wunderman, les thématiques abordées dans les expositions ainsi que la qualité du site apportent un matériau de poids dans la compréhension générale de l’oeuvre de Jean Cocteau ; oeuvre qui fut d’une richesse hors du commun et dont témoigne l’abondante collection de ce Musée.

Jean Cocteau et le cinéma : le merveilleux d’une rencontre

Article Jean Cocteau et le cinéma, consultable sur le blog du département recherche de l’Université de NY Paris.

Il s’agit du blog du département recherche de l’Université de New York Paris. NYU Paris est une sorte d’annexe de l’Université de New York à Paris. Les formations sont adressées aux étudiants spécialisés en culture et civilisation souhaitant réaliser une partie de leur cursus en France. Cette université existe depuis 1969 et joue aussi le rôle de « centre culturel » franco-américain.

La création de ce blog de Recherche semble assez récente (beaucoup de page sont en cours de construction) et la rubrique « Qui sommes-nous? » nous apprend que la liste des participant à la rédaction est en cours d’élaboration. Ce blog est un travail de collaboration entre « une  centaine de professeurs, maîtres de conférences, chercheurs, artistes et étudiants français ». Les auteurs sont donc français, ce qui n’empêche pas la rédaction d’article en anglais. Il n’est pas si clairement s’il s’agit ici d’un travail individuel ou de celui d’une équipe, comprenant la rédaction commune des articles. Nous n’avons pas non plus d’information plus précise sur les auteurs même si certains articles sont signés (par des étudiants ? des chercheurs ?). Et ce d’autant plus que l’onglet « contact » renvoie à l’adresse de la directrice de la Recherche à NYU Paris, on ne sait pas si celle-ci est véritablement en charge de ce projet.

L’onglet « Séminaires » reprend la même présentation dite « générale » que l’on retrouve aussi en page d’accueil: « Privilégiant les réflexions novatrices sur les transferts culturels dans le cinéma, la littérature, l’art, les nouvelles technologies et les pratiques sociales ».

Le propos est complété quelques lignes plus loin par le discours suivant : « Les chercheurs, les professeurs,  les doctorants,  les étudiants, et les artistes de toutes disciplines sont appelés à travailler ensemble sur les grands enjeux sociétaux du XXIe siècle en privilégiant les approches transdisciplinaires conçues comme un dialogue entre disciplines sociales, scientifiques, artistiques franco-américaines ».

Il n’est pas évident de comprendre l’enjeu exact de ces publications. Cette deuxième partie de la présentation semble d’avantage concerner le travail d’ensemble, au sein de la formation universitaire, des étudiants et chercheurs. On ne sait donc pas si leurs recherches portent exclusivement sur le XXIe, les artistes franco-américains en particuliers…? Il est donc difficile de donner une définition exacte de cet objet d’étude.

Le terme de « séminaires » désigne ici un grand 1 parmi les catégories. Le grand 2 étant les événements exceptionnels, le 3 les publications, le 4 les colloques, le 5 les journées d’étude et le 6 les ressources. Pour une meilleure lisibilité ainsi qu’une meilleure compréhension il aurait été utile de mettre en avant les catégories et les articles y étant associés. Car toutes les publications sont finalement regroupées sous ce terme de séminaire – terme qui comprend plutôt la dimension d’un travail en groupe – et non pas celui d’article.

La partie « Séminaires » est la seule à posséder des sous-catégories. La navigation y est difficile en raison des thèmes particulièrement disparates. Certains renvoient à une série d’article, mais aussi à des articles présentant le programme – cette-fois ci- de séminaire.

 L’article faisant l’objet de notre étude est compris dans la sous-catégorie n°3 : Littérature et Cinéma. L’article s’intitule Jean Cocteau et le cinéma et date du 1 janvier 2007 et écrit par Lydie Quaglia. Nous n’avons malheureusement pas plus d’information sur cet auteur ni dans quel cadre l’article a été proposé. Ce que l’on pourrait appeler un sous-titre « Le merveilleux d’une rencontre » figure en haut de page et suffit à nous donner le sujet du propos : la belle rencontre entre Cocteau et la réalisation cinématographique. Un vaste sujet donc, qui aurait sans doute requis plus de précision quant à une éventuelle problématique et de sélection des informations.

Sur le tournage d’Orphée

L’article commence par la citation suivante extrait du Journal (1942-1945) de Jean Cocteau : « […] Le cinéma, quelle écriture pour un poète ! Le texte n’est pas l’écriture dont je parle. C’est l’image, la chasse à l’image et la manière dont ces images s’emboîtent et forment la chaîne d’amour. » Cocteau l’a bien dit et redit, que ce soit en parole ou en image : il est un poète. L’auteur de l’artiste convient « d’insister sur un aspect qui différencie Cocteau des autres écrivains. Car justement, Cocteau n’est pas vraiment un écrivain. » Il est poète, et fait de la « poésie littéraire, plastique et cinématographique ». L’auteur  en vient ainsi à parler sur cet article multiple qu’est Jean Cocteau et insiste aussi sur la pratique de différents arts, la capacité de décloisonner, entre autres, le cinéma et la poésie.

L’auteur s’intéresse ensuite au processus de création, cette « force inconnue » que l’on retrouve au sein de son œuvre, et dont lui-même parle dans de nombreux écrit. L’auteur s’appuie sur de justes citations comme nous l’indique les notes : certes numérotées mais peu fournies, renvoyant en plus de cela à des liens mort (bien qu’on les retrouve en bas de page).

La création cinématographique pour Cocteau serait une véritable « bouffé d’oxygène » dans le sens ou « contrairement à l’écriture, le cinématographe n’est pas un art individuel et solitaire mais collectif ». Cocteau disait en effet, en voix off, dans Le Testament d’Orphée, que l’atout du cinématographe était de permettre aux personnes de vivre ensemble le même rêve.

Cet article a pour défaut d’être quelque peu inattendu dans le sens ou le sujet n’est pas rattaché à un ensemble ou à une présentation plus précise. Le propos de l’article n’est de plus pas annoncé, nous notons l’absence de référence bibliographique,  ou d’un lien pour citer. Malgré cela, richesse du contenu ainsi que la plume de son auteur nous conduit à placer cet article parmi les plus intéressants. La justesse du propos et le choix de thèmes habituellement peu traités constituent effectivement un bon résumé de la rencontre de Jean Cocteau avec le cinéma. Parmi ces termes abordés, et outre ceux déjà évoqués figurent les suivant : le retour à l’enfance, le tournage de la Belle et la Bête, la « paternité » de Cocteau pour ses films, son travail de scénariste… L’auteur parle également de la façon dont il conçoit le cinéma comme une forme de littérature, avec toujours se mélange des différents arts, dans le but d’apporter une légitimation plus forte au cinéma. Il est également mentionné la distinction que Jean Cocteau faisait entre cinéma et cinématographe ainsi qu’une autre question, qui pourrait faire l’objet d’une étude : Cocteau est-il un artiste moderne ? Il est en effet à la limite d’une modernité apparue au cinéma dans les années 1960-1970.

Jean Cocteau à la caméra (tournage Le Testament d'Orphée)

Jean Cocteau à la caméra

Nous recommandons ainsi ce bref et non moins intéressant article, sur un site difficile à naviguer, mais aux sujets d’études originaux pouvant suscite l’intérêt d’un large public.

Jean Cocteau, poète et cinéaste

Portrait de « Jean Cocteau, poète et cinéaste » par Francis Ramirez, article disponible sur le site de la Bibliothèque du film.

Bifi

La Bibliothèque du film, ou Bifi, est une institution créée en 1994  située dans le 12e arrondissement de Paris, qui comprend un centre de documentation, une médiathèque et des espaces d’exposition consacrés au patrimoine cinématographique français et étranger. Rattachée à la Cinémathèque française depuis leur fusion en janvier 2007, la Bibliothèque du film conserve de fait des collections provenant de la Cinémathèque française, mais aussi des Archives françaises du film, et de la FEMIS, collections qui se sont également « enrichies par de nombreux dons, acquisitions à titre onéreux ou dépôts. ». Parmi ses nombreuses collections, la Bifi regroupe des périodiques, des ouvrages, des vidéos et DVD, des revues de presse, des affiches, des dessins et photographies, et enfin des fonds d’archives.

Le site de la Bifi, édité par la Cinémathèque française, a été ouvert en 2006. La page d’accueil présente  divererses catégories qui permettent non seulement de découvrir la structure réelle de la Bibliothèque et son contenu, mais aussi les documents mis à la disposition des internautes.

Ainsi la première catégorie renvoie aux « actualités » cinématographiques, patrimoniales et à celles de la Bibliothèque, dont les informations pratiques (contacts, horaires, collections etc) sont disponibles via « La Bibliothèque du film ». D’autre part, des dossiers, « les sites documentaires » crées par la Cinémathèque et la Bifi à propos de cinéastes ou d’évènements, comme la page consacrée au Festival de Cannes, sont mis en ligne.  Une catégorie « répertoires » propose comme son nom l’indique des listes faites par ordre alphabétique de critiques, de fond d’archives,  de périodiques, de vidéos, ou encore de  CD-Rom et de bases de données en ligne, facilitant ainsi l’accès à une ressource ou à des informations sur un sujet.  Le site de la Bifi  présente par ailleurs des « dossiers thématiques » proposant aux cinéphiles des filmographies en rapport avec un thème. Dans cette perspective d’enrichissement culturel, tant en termes de références qu’en termes de pistes de réflexions, le site met également à disposition des internautes, sous le nom de « zooms multimédia » et « exposition virtuelles », des documentaires et « expositions » réalisés par les membres de la Cinémathèque française et de la Bifi, parfois en collaboration avec l’INA.

Concernant Jean Cocteau, est disponible dans la section « actualité patrimoniale »  un article touchant particulièrement notre objet d’étude : « Jean Cocteau, poète et cinéaste ». Ecrit par Francis Ramirez, universitaire spécialiste de Cocteau, et Christian Rolot, co-auteur du texte, une note de bas de page renseigne sur sa publication par la Bifi qui souhaite rendre hommage à Francis Ramirez, principal rédacteur de l’article décédé en 2006, « en republiant ce texte de 1999, qui inaugura le nouveau magazine en ligne de la BiFi. »

Pour compléter l’étude, un lien renvoie à la biographie et à la carrière de Jean Cocteau,  notamment à son œuvre cinématographique, et en bas de page est indiquée une bibliographie sélective contenant des œuvres de et sur Cocteau.  Cet article, publié pour la première fois en juillet 1999, propose un portrait vif et sensible du poète  ainsi qu’une analyse de son œuvre cinématographique à travers trois thèmes,« La poésie est de la nuit mise en plein jour » « Le cinéma est un véhicule de poésie » « L’évidence du visible ».

Dans un style à la fois direct et nerveux, Francis Ramirez choisit d’emblée de prendre à bras le corps l’image qu’a laissée de lui Jean Cocteau « qui fut sa vie durant un homme prodigieusement agaçant ». Sans détours, il se fait l’écho de sa réputation, mélange de lieux communs réducteurs et de vérités dérangeantes pour mieux s’en débarrasser afin d’aller à l’essentiel : définir ce qu’était pour Cocteau le cinéma.

Oui, Cocteau était « prodigieusement agaçant », oui ses contemporains, tels Claudel, Gide ou Breton, furent irrités « parfois jusqu’à la haine » par ce séducteur « vif-argent », ce mondain frivole à la « silhouette d’éternel jeune homme », ce brillant touche-à-tout dont la notoriété alimentait la vie culturelle et mondaine parisienne, lui qui était l’ami de Jean Renoir, Picasso, Orson Wells et bien d’autres.  Mais pour Francis Ramirez, « ce don extrême d’agacer était en réalité le moyen pour protéger son œuvre » qui « sort de l’ombre des malentendus et des fausses légendes et commence sa vraie carrière » lorsqu’il s’éteint en 1963.

Reprenant une idée majeure de Cocteau « la poésie est de la nuit mise en plein jour », le rédacteur questionne son œuvre cinématographique en établissant un rapport essentiel entre poésie et cinéma : si le poète est le véhicule de la poésie, le cinéma est « un véhicule de poésie ».  Abordant le « septième art en poète », Cocteau, explique Francis Ramirez, « parle non de cinéma poétique mais de poésie de cinéma » et voit en lui la possibilité merveilleuse de libérer « la poésie prisonnière de l’encre », selon les mots de l’auteur. Dès lors, Cocteau assigne au cinéma à travers des œuvres telles que La Trilogie d’Orphée ou La Belle et la Bête, la fonction de révéler le réel caché car comme le résume Francis Ramirez « une image montre toujours plus que ce qu’elle montre ».

Afin de dissiper tout malentendu autour de la notion de poésie au cinéma, l’auteur rappelle que ce travailleur acharné que fut Cocteau chercha avec obstination à révéler « ce supplément de réalité » mis au jour par les prises de vues et les trucages. On est loin ici de « cette fantaisie « poétique », décorative et rêveuse qui l’exaspérait tant dans Les Visiteurs du soir de Marcel Carné ».  Pour Cocteau « la poésie n’est que de chiffres, algèbre, géométrie, opérations et preuves » (La Difficulté d’être) et « le cinéma permet de montrer avec la rigueur du réalisme les fantasmes de l’irréalité. Bref, c’est un admirable véhicule de poésie. » (Le Testament d’Orphée)

Pour conclure, Francis Ramirez nous invite à laisser de côté le Cocteau agaçant, le Cocteau polémiqueur théâtral  à la fois ingénu et outrancier, pour nous recentrer sur l’essentiel : « l’extraordinaire crédit [qu’il accorda] à la puissance révélatrice d’un cinématographe conçu, bien au-delà des arts, comme un moyen de connaissance et de conscience ». Et il n’est pas indifférent de préciser que l’auteur tient, non sans émotion, à souligner que Cocteau, si agaçant fut-il pour certains, fut aussi très aimé.

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